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Respirer l’air de New Delhi reviendrait à fumer 50 cigarettes par jour

Comme chaque automne depuis plusieurs années, un épais smog a envahi les rues de New Delhi. Un « état d’urgence de santé publique » a été décrété mardi 7 novembre par l’Association médicale indienne pour faire face à cet épisode « d’airpocalypse ». Et pour cause : la pollution atmosphérique y est si élevée que respirer l’air de la ville reviendrait à fumer l’équivalent de 50 cigarettes par jour, selon les estimations des professionnels de santé. Ce qui fait de la capitale indienne la ville la plus polluée du monde, devant Pékin.

En raison de la mauvaise visibilité, une piste de l’aéroport international Indira-Ghandi a même dû être fermée, tandis que les départs de certains trains ont été retardés et que les écoles ont fermé pour la semaine. L’ambassade de France a invité les ressortissants français à rester cloîtrés chez eux, et le gouvernement indien a été appelé par les médecins à prendre des mesures d’urgence – comme annuler le semi-marathon de Delhi, prévu initialement le 19 novembre – sous peine de payer des conséquences sanitaires désastreuses.

Ce mercredi 8 novembre à 13 heures (heure locale), les différents compteurs placés de la ville affichaient des niveaux de particules ultrafines (PM2,5) entre 400 et 700 microgrammes par mètre cube d’air (μg/m3). Rappelons que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 μg/m3 en moyenne journalière.

Une véritable « chambre à gaz »
Le ministre en chef de New Delhi, Arvind Kejriwal, a ainsi qualifié sa ville de véritable « chambre à gaz » lors d’un conseil du gouvernement local qui s’est tenu mardi. Les travailleurs en extérieur, comme les maçons ou les conducteurs de rickshaws, sont particulièrement touchés par cette pollution monstrueuse.

« Mes yeux me brûlent. L’année dernière je ne me sentais déjà pas bien. Je ne sais pas si cela était dû à l’air, mais j’avais le souffle coupé et mes yeux me grattaient. Les médecins m’ont dit de ne pas aller travailler tôt le matin pendant l’hiver », explique un habitant cité par le Guardian.

Alors que l’Inde prend conscience des problèmes liés à la pollution, plusieurs politiques commencent à être mises en œuvre (mais visiblement de façon insuffisante), comme la fermeture de certaines mines de charbon, la mise en place d’une circulation alternée, ou encore l’interdiction des feux d’artifice traditionnels de la fête de Diwali.

Mais au diable la tradition : selon une étude publiée le mois dernier dans la revue scientifique britannique The Lancet, 2,5 millions d’Indiens meurent prématurément chaque année à cause de la pollution. Il s’agit du ratio le plus élevé dans le monde. Selon une autre étude, publiée en 2015, la moitié des écoliers de New Delhi – soit 2,2 millions d’entre eux – ont des capacités pulmonaires réduites par rapport à la normal (et ce de manière irrémédiable).

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